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Les Inrocks - La classe et la poésie de Lescop illuminent la première date des inRocKs Festival à…

lundi 21 novembre 2016, par legrandmix (@legrandmix)

Les Inrocks - La classe et la poésie de Lescop illuminent la première date des inRocKs Festival à Tourcoing
http://www.lesinrocks.com/2016/11/18/musique/concerts/la-classe-et-la-poesie-de-lescop-illuminent-la-premiere-date-des-inrocks

La première date des inRocKs Festival 2016 avait lieu au Grand Mix de Tourcoing avec un plateau 100% français : la soul envoûtante de Her, l’électro-pop romantique de Paradis et le charisme captivant de Lescop.
On a été gâté pour cette première soirée des inRocKs Festival à Tourcoing. Des étreintes langoureuses, des mains extatiques, des hurlements passionnés et trois concerts qui témoignent parfaitement de la vitalité de la scène française ces dernières années. Presque entièrement débarrassés des effets de style et des références anglo-saxonnes qui encombraient nombre de productions hexagonales jusqu’à il y a encore peu de temps, Her, Paradis et Lescop, tous décomplexés et érudits, ont démontré avec classe qu’il est plus que jamais possible d’affirmer sa singularité tout en s’amusant avec les évidences de la pop. Parce que si les trois entités réunies ce soir peuvent se ranger dans une glorieuse tradition (le son de la Motown, la cold-wave, etc.), leur sens de la mélodie, lui, est unique.

Her, soul moderne

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C’est à Her qu’est confié le soin de démarrer les festivités. De retour d’un séjour en Amérique, et désormais accompagnés de deux choristes, les cinq Bretons, en costume pour l’occasion, confirment en une quarantaine de minutes tout le bien que l’on pense de leurs premiers morceaux. C’est beau, c’est doux, c’est sensuel et sans aucune autre prétention que d’apporter un éclairage nouveau à la soul de Curtis Mayfield ou de Sam Cooke, qui ne s’attendaient sans doute à ce qu’un jour des français viennent bâtir sur leurs édifices une soul aussi suave que rudement bien troussée.

Les enfants du Paradis

Plus convaincante et troublante encore, la performance de Paradis, parfois au bord de la maladresse mais toujours gracieuse, se révèle être le parfait antidote à la monotonie de l’automne avec ce set construit comme une odyssée moite, qui, sous ses airs légers, touche au plus intime. Assez logiquement donc, le corps s’emballe : on se surprend à danser au Bal des oubliés, on s’enlace le temps du refrain hautement addictif de Recto Verso (“Montre-moi l’envers du décor à l’endroit/Montre-moi le revers de ce que cache tout ça”), on s’enjaille sur les ritournelles house du diptyque Miroir et, surtout, on revisite avec passion et trémolos dans la gorge le meilleur de la chanson française le temps d’une reprise de La ballade de Jim, tout en langueur, légèreté et malice. C’est joliment fait, faussement naïf et, contrairement à ce qu’on a pu lire ci et là, jamais pétri de manière. “Tout ce qu’on a de commun, garde le pour toi”, nous conseillent-t-ils en fin de parcours. C’est bien là la seule fois du concert où l’on n’a pas envie de les prendre au mot : cette musique, il faut la diffuser, la triturer, la (ré)écouter, encore et toujours.

Lescop, la symbiose parfaite !

En fin de compte, l’unique bonne nouvelle à voir Paradis quitter la scène, c’est la certitude de terminer cette soirée avec un Lescop aussi expressif et charismatique sur scène que foncièrement discret et mystérieux sur disque. On en est même à se demander si la mélancolie apparente au sein de ses deux premiers disques n’est pas simplement une astuce qui masquerait un caractère plus joyeux, aisément visible sur scène. Car oui, Lescop, faussement bon chic bon genre, est de ces artistes qui n’hésitent pas à haranguer la foule entre chaque morceau, à lever les bras pour convier le public à l’hystérie, à s’immiscer dans la fosse pour partager un Dérangé nettement plus nerveux que dans sa version studio.

On tient d’ailleurs là l’une des constantes de ce concert : qu’ils soient extraits du premier album ou du récent Echo, tous les morceaux interprétés sur scène tournent le dos leurs velléités originelles. Ainsi de Le mal mon ange, porté par des synthés et une orchestration tout en puissance. Ainsi également de La Nuit américaine, un de ces morceaux capables de fédérer une salle avec une générosité sans pareil. Ainsi, enfin, de La Forêt, dont l’intensité procure l’une des grandes charges émotionnelles du concert. Pour aller vite et résumer, on dira donc que Lescop a atteint ce soir une sorte d’équilibre fascinant, entre excentricité et vague à l’âme, magnifié par un final assez miraculeux. Il y aura certes un rappel, sans doute dispensable, mais c’est bien Le vent, probablement le texte le plus bouleversant de son répertoire, qui se révèle être le sommet de cette soirée, le moment où Lescop s’offre dans ce qu’il a à la fois de plus simple, de plus beau et de plus universel.


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