Bénévole au Grand Mix

Le Grand Mix, Tourcoing

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Oreilles sensibles ne pas s’abstenir

La Voix-du-Nord du 22 avril 2006 - Actualité Tourcoing

lundi 8 mai 2006

Au Grand Mix, les habitués de concert font de plus en plus attention à leurs oreilles, en utilisant des bouchons ou en faisant des pauses.

Peu à peu, ils ont pris leur place dans les festivals et les salles de concert. Fabriqués en Autriche et d’un jaune fluo attrayant, parfois zébrés de bleu, les petits bouchons en mousse pour les oreilles commencent à percer. Au Grand Mix de Tourcoing, ils sont mis à dispoition gratuitement dans des gobelets posés sur le bar ou à l’entrée.

Mardi, c’était soirée punk-rock à la salle tourquennoise. L’occasion de constater que les amateurs de concerts font de plus en plus attention à leurs sensibles oreilles. Maxime, 23 ans, prend ainsi deux de ces bouchons au bar, en même temps que sa bière. « A cause des décibels dans les concerts, j’ai un problème à l’oreille droite », explique t’il. « J’entends un petit bruit en permanence et des crépitements. ». Le syndrome est classique : Maxime souffre d’un acouphène. Le genre de désagrément qui peut être gênant dans la vie quotidienne. « Le bruit n’est pas énorme non plus », tempère Maxime. « Mais maintenant, je fais super gaffe. Quand cela m’est arrivé, je n’étais pas conscient des dangers. La prévention doit jouer un rôle décisif. »

Posté à l’entrée de la salle, Kévin, bénévole du Grand Mix, connaît le même phéonmène. « J’entends un sifflement en permanence, même quand il n’y a aucun bruit autour », témogne-t’il. « J’ai attrapé cela à cause de tous les concerts que j’ai fait étant ado. Maintenant, je mets toujours des bouchons. Se protéger c’est très important, surtout avec des musiques comme le Métal, le Punk et tout le rock un peu speed. »

Olivier offre des bouchons au bar du Grand Mix ...

Olivier, qui tient le bar du Grand Mix, renchérit : « Ces bouchons sont indispensables, notamment pour ceux qui vont à beaucoup de concerts comme les journalistes, les photographes, les organisateurs et es musiciens. C’est vrai qu’avec ces bouchons, on n’entend pas forcément toutes les fréquences, mais on participe quand même au concert et on ne perd pas en plaisir. »

« Les décibels font partie du concert »

« Perdre en plaisir » : voilà la grand crainte qu’inspirent encore ces bouchons. Car si Maxime, Kévin et Olivier les utilisent, ils sont encore loin de représenter la majorité des spectateurs du Grand Mix comme ailleurs. Pour beaucoup, les décibels sont une composante indispensable du show et mettre ces bouchons, c’est moins sentir l’intensité du live. « Je suis conscient qu’il peut y avoir des risques, mais pour moi les décibels font partie du concert », explique Sébastien, grand amateur de rock. « Je fais partie d’un groupe et, quand nous répétons, nous pouvons jouer deux heures à fond, sans nous arrêter, ni nous protéger ».

Avec 54 Nude Honey, yeux et oreilles sont sollicités !

Sans avoir de chiffres précis, les gérants du Grand Mix estiment distribuer environ 200 paires de bouchons tous les six mois. L’établissement proposant une trentaine de concerts par mois, la marge de progression reste très importante.

Faire des pauses

L’existence de ces bouchons peut donner l’impression de prendre le problème dans le mauvais sens. Si les décibels sont dangereux, pourquoi ne pas tout simplement baisser le son du concert ? « Le problème n’est pas là », répond François Jolivet, membre de l’association Agi Son qui, via le réseau régional « RAOUL » mène des campagnes de préventions sur le sujet. « Il existe une limite légale de 105 décibels et le Grand Mix, par exemple, la respecte. L’important, c’est surtout la durée d’exposition. Ecouter du son à 105 décibels n’est pas dangereux, sauf si cela dure quatre ou cinq heures sans interuption. »

Si les bouchons ne vous tentent pas, une autre solution, toute simple, existe donc : faire des pauses. « Les bouchons sont un support, mais pas un argument », estime François Jolivet. « Notre discours n’est pas de dire qu’il faut en mettre à tous les concerts. Nous insistons plus sur l’information et les comportements. Il suffit, par exemple, de s’éloigner de la salle pendant quelques minutes, toutes les heures environ. Les musiques actuelles ne sont pas des bourreaux d’oreilles. L’important, c’est juste que les spectateurs soient informés et fassent attention ». L’enjeu est de taille car, plus grave qu’un simple acouphène, une lésion auditive est irréversible.

Par Clément Perrouault