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Yael Naim, la force tranquille

mercredi 8 juin 2011, par Olivier Duquesne aka DaffyDuke

Avez-vous ressenti une certaine pression après le succès du premier album ?

« On a pu prendre le temps et travailler dans des conditions idéales. En général, il faut revenir vite pour un deuxième album. Mais on a pu continuer tranquillement à faire notre musique. Et on n’en revient pas que l’accueil du public et des critiques ait été aussi chaleureux. »

Avez-vous besoin de temps, avec David Donatien, pour peaufiner les arrangements ?

« C’est très important pour nous. Quand on entre en studio, on doit décider vite. Il arrive parfois qu’un artiste fasse un album et que, trois mois plus tard, il regrette certaines directions. On aime bien avoir du recul pendant le travail. Un disque, c’est une oeuvre figée et il faut pouvoir l’assumer. »

Comment fonctionnez-vous avec David ?

« Je compose et j’écris les chansons puis je lui fais écouter. Il y a en certaines qui sont juste guitare-voix, d’autres plus avancées et arrangées. À partir de ce moment-là, David s’en empare à son tour et il y a comme une partie de ping-pong qui commence entre nous. Quand on n’est pas d’accord sur la direction, on se sépare. C’est pratique parce qu’on a chacun notre station de travail. Mais on se retrouve presque toujours dans la musique. »

Aviez-vous la volonté de mettre la barre encore plus haut ?

« On a voulu aller plus loin au niveau de la voix, avoir plus de liberté dans la direction des arrangements. Je n’ai pas envie de me cantonner au folk, à la pop ou au rock. Ce qui m’intéresse dans la musique, c’est le métissage. On écoute beaucoup le morceau fait à la base et on essaie de le rendre moins lisse. »

She Was a Boy, un titre ambigu ?

« La chanson éponyme évoque une femme qui est différente. On peut tous l’avoir à l’intérieur de nous. Après elle s’exprime à différents degrés. Plus on arrive à accepter ses contradictions et savoir qui on est, plus on peut accepter les autres. Quand je suis presque arrivée au bout des chansons, je me suis rendu compte que cette phrase-là donnait curieusement le ton de l’album. »

Dans Man of Another Woman, on entend des sonorités indiennes. Est-ce un sillon que vous allez creuser dans le futur ?

« Je suis en plein dedans (rires) ! En plus d’écouter de la musique classique indienne, j’ai découvert une chanteuse qui s’appelle Lata Mangeskhar, diva de Bollywood depuis les années quarante. Dans les musiques de films indiens, il y a beaucoup de souplesse au niveau des instruments et des voix. Ce monde-là m’attire beaucoup. »

Sur le premier album, il y avait des chansons en hébreu. Aucune, par contre, sur She Was a Boy. Comment le choix de la langue s’impose-t-il ?

« C’est très inconscient. Je suis quelqu’un qui écrit beaucoup. Il y a parfois des périodes où c’est un morceau par jour. C’est vraiment ma manière à moi d’évacuer les émotions que je ressens. Je ne compose pas de chansons en fonction d’un album, c’est quelque chose de naturel. Avec du recul, je peux analyser que le premier album a été fait après la séparation avec mon petit ami israélien. J’étais depuis quatre ans à Paris. C’était une période de transition dans laquelle je me demandais si j’allais rester ou rentrer en Israël. Au cours de ce questionnement, les chansons sont sorties en hébreu. Quand les choses se sont arrangées, c’est l’anglais qui est revenu. »

Prendre du recul par rapport à ses peurs est un thème récurrent chez vous. Pour quelles raisons ?

« Il y a d’abord le fait que j’ai quitté un pays pour un autre. Je viens d’Israël, pays où la peur joue un rôle important. Et puis, je remarque que même aujourd’hui en France, la peur est source de bon nombre de conflits et qu’elle est utilisée pour diriger les gens. Beaucoup de comportements lui sont liés.

Autant New Soul avait capté toute la lumière du premier album, autant She Was a Boy est pris davantage dans son ensemble. Est-ce également votre ressenti ?

« Complètement. C’est vrai que sur le premier, on a eu un coup de chance incroyable avec New Soul . La pub Apple lui a permis d’avoir une vraie exposition mondiale. Des pics extrêmes n’arrivent pas tous les jours et tant mieux. On ne voulait donc pas rester enfermés dans un phénomène de single. »

Repères

1978

Naissance à Paris

1982

Quitte la France pour s’installer en Israël.

2000

Elle incarne le rôle de Myriam, soeur de Moïse dans la comédie musicale à succès Les Dix Commandements.

2004

Rencontre avec David Donatien qui a déjà travaillé avec B. Lavilliers.

2007

Album éponyme porté par le tube New Soul et la surprenante reprise Toxic de Britney Spears.

2008

Victoire de la musique de l’album musiques du monde.

2010

Troisième opus She was a boy.

2011

Victoire de la musique de la artiste-interprète féminine. Concert complet au théâtre Sébastopol à Lille.


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