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Lille : prié d’étudier un atterrissage au Grand Sud, l’Aéronef en pleines turbulences - Lille et…

mardi 8 juillet 2014, par legrandmix (@legrandmix)

Lille : prié d’étudier un atterrissage au Grand Sud, l’Aéronef en pleines turbulences - Lille et ses environs - La Voix du Nord
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À la demande de la mairie, la salle de concert programme de plus en plus d’événements au Grand Sud, équipement inauguré cet automne. Au point d’imaginer une occupation permanente des lieux, situés au-delà du périphérique alors que l’Aéronef réside depuis 20 ans en plein centre. Rien n’est tranché mais le scénario prend corps. Il pose des questions, qui touchent aussi à la politique de la ville envers les musiques actuelles.

1. Quoi de neuf ?

En mars, le premier adjoint de Martine Aubry à la mairie de Lille (principale tutelle de l’Aéronef via une subvention et la mise à disposition des murs) assurait que la ville n’avait « aucune velléité de faire partir l’Aéronef de l’avenue Willy-Brandt ». La position de Pierre de Saintignon a évolué. La migration vers le Grand Sud aurait désormais la faveur des élus lillois. Une étude de faisabilité concernant cette option est actuellement menée. La rumeur n’en est donc plus une. Fin septembre, un conseil d’administration devrait trancher la question. L’éventuel déménagement n’interviendrait pas avant 2015, la plupart des concerts programmés à la rentrée le sont à Euralille.

2. Le Grand Sud : bonne ou mauvaise idée ?

Décrite de manière imagée par un connaisseur du dossier comme « la bouée de secours par rapport au Grand Sud », la migration de l’Aéronef se défend dans un contexte de budgets toujours plus serrés. La mairie récupérerait une surface immense en plein centre-ville. Sur le papier, le Grand Sud, conçu comme une salle facilement modulable, offre par ailleurs des jauges similaires : 600 places assises, 1 800 places debout (voire 6 000 une fois ouverte la façade donnant sur le parc). Il faut bien faire vivre, enfin, des murs ayant coûté 12,9 millions d’euros, aux deux tiers financés par la ville. La méthode pose cependant question.

Il semblerait qu’on ait construit un lieu (inauguré en octobre 2013, cinq mois avant les élections municipales) avant seulement de se pencher sur le projet censé le faire vivre. Si ce n’est une vocation polyvalente permettant « d’accueillir aussi bien des mariages que des concerts », dixit Martine Aubry. Le déménagement de l’Aéronef nécessiterait des travaux. Dans une salle flambant neuve, ça ferait mauvais genre... Les élus ne voudraient d’ailleurs pas en entendre parler.

Quid, ensuite, de l’accessibilité d’un équipement excentré offrant un parking riquiqui, une station de métro lointaine (près de 1 km) et pas de station de V’lille ? La fréquentation des concerts organisés en fin de saison montre qu’un gros travail serait nécessaire pour rendre le Grand Sud attractif. Une quarantaine de personnes étaient présentes pour le plateau Cheveu - Bertrand Burgalat le 13 juin. Bien maigre. Une baisse substantielle par rapport aux soirées dans le centre paraît évidente (une source évoque - 30 % en moyenne).

3. Quel rapport la mairie de Lille entretient-elle avec l’Aéronef ?

Martine Aubry n’a jamais manifesté une affection débordante pour un équipement né bien avant son arrivée à Lille. Sa discrétion avenue Willy-Brandt est symptomatique (elle n’y aurait quasiment pas été vue ces dernières années pour un concert). Les coupes claires dans les subventions intervenues l’an dernier, maintenues cette année (- 25 %, pour passer de 414 000 à 300 000 €), ne constituent pas non plus un message positif. Malgré les spectaculaires efforts de la salle pour aller chercher des financements privés et établir un budget dans lequel la part des subsides publics est minoritaire. Pierre de Saintignon a une tout autre analyse (lire ci-dessous). La structure paie également l’héritage d’une implantation compliquée à Euralille et des années de déficits qui n’ont pas, sans doute, facilité la relation de confiance avec sa tutelle. Elle fait néanmoins figure aujourd’hui de bon élève. On rapporte l’abattement des salariés (ils sont seize), affectés par le manque de considération manifesté par la mairie. « Ils ont fait des efforts considérables et ont l’impression de ne pas être récompensés », dit un proche du dossier.
Le chiffre

57 % : c’est la part des ressources propres dans le budget de l’Aéronef (qui s’établit entre 2,5 et 3 millions d’euros), le reste étant couvert par les subsides publics (ville, État, conseils régional et général). La montée en puissance des recettes propres est impressionnante pour une telle structure : le ratio était de 60 % de subventions pour 40 % d’autofinancement il y a quelques années. À titre de comparaison, le Grand Mix, à Tourcoing, s’autofinance, lui, à hauteur de 36 %. Pour en arriver là, l’Aéronef a multiplié les concerts, les locations de sa salle, les coproductions, etc., pour atteindre plus de 150 événements en 2013.
« Il n’y a aucune défiance »

Pour Pierre de Saintignon, il n’y a ni malaise ni « défiance » envers la structure.

Du nouveau depuis mars ?

« Il n’y a rien de neuf, si ce n’est toute une série d’hypothèses. Ce qui est normal, on regarde notre ville, elle bouge, elle vit… »

Pourquoi maintenir cette année la baisse de subvention ?

« On ne baisse pas la subvention, on a réajusté une aide en concertation avec l’Aéronef. On donne 300 000 € et on met les murs à disposition, ce qui représente un loyer à peu près comparable. Ça fait donc 600 000 €. On est le premier financeur, et de loin. La subvention prend en compte l’exploitation en hausse, les recettes supplémentaires, le fait que la salle a désormais pignon sur rue… Le compte d’exploitation monte, il est normal qu’il y ait moins d’aide. L’argent public sert souvent d’amorçage. L’Aéronef est bien géré, renommé, la salle a plus de clients… »

Aucun problème, donc ?

« Non. On n’a que de l’amitié et de la confiance pour l’équipe, il n’y a aucune défiance envers la structure. Personne n’a de vision négative d’un lieu qui reste la plus grande scène de musiques actuelles de France. »
Deux figures sur le départ

Une page se tourne avec les départs de deux figures arrivées en 2008 au moment d’un renouvellement de direction. Celui de Patrice Budzinski, venu du Grand Mix de Tourcoing, qui avait lâché l’an dernier le poste de directeur de l’Aéro pour n’être plus que programmateur, n’est pas une surprise. Il n’était guère présent depuis des mois avenue Willy-Brandt. Il est parti définitivement la semaine dernière, et la procédure de recrutement de son successeur s’accélère : le grand oral des quatre candidats de la short-list (sur 170 postulants) a lieu ce mardi. La démission d’Alex Mélis, qui sera parti à la mi-septembre, étonne davantage. Le futur ex-secrétaire général, homme affable au réseau étoffé, justifie sa décision en évoquant un « sentiment d’usure ». Le contexte politique actuel n’y est certainement pas non plus étranger…


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